Du Paléolithique à l’ère moderne, chaque époque a légué un patrimoine d’une variété et d’une qualité exceptionnelles. Ces vestiges, dont certains furent oubliés pendant des siècles avant d’être redécouverts, sont un témoignage précieux des modes de vie de nos ancêtres.
Juste après la Bretagne, c’est dans le Saumurois qu’on trouve la plus forte concentration de mégalithes en France. Vieux de plus de 6 500 ans, dolmens et menhirs du Néolithique se dressent fièrement au milieu d’un champ, d’un bois, ou au détour d’un chemin. Le plus célèbre d’entre eux est le grand dolmen de Bagneux, à Saumur, aujourd’hui situé dans la cour d’un bar !
L’ère gallo-romaine (Ier siècle avant J.-C. – Ve siècle après J.-C.) a également marqué le territoire : c’est à cette époque qu’est construite la grande voie reliant Tours à Angers. Les vestiges archéologiques les plus impressionnants de cette période sont ceux du théâtre antique de Gennes, en Maine-et-Loire.
Certains édifices du Haut Moyen Âge (Ve-Xe siècle) sont aujourd’hui remarquablement bien conservés, comme le palais carolingien de Doué-la-Fontaine (IXe siècle), le donjon du château de Langeais (Xe siècle) ou les églises de Saint-Eusèbe de Gennes et Saint-Symphorien d’Andard. De très nombreux sarcophages en falun ou en calcaire ont également été retrouvés dans la région : ils étaient vraisemblablement produits à Doué-la-Fontaine en Anjou ou à Crouzilles en Touraine, puis exportés dans tout le centre et l’ouest de la Gaule.
Pour admirer les collections archéologiques locales, rien ne vaut la visite du musée Joseph-Denais de Beaufort-en-Vallée. Avec son étonnante collection de 7 000 objets, il replace l’histoire locale dans la grande Histoire, et ce dans tous les domaines : archéologie, sciences naturelles, arts… L’écomusée du Véron vaut également le détour : il expose les découvertes archéologiques faites sur le territoire, du Paléolithique à l’Antiquité.
Dolmens et menhirs du Néolithique
Même si le Saumurois en offre une concentration exceptionnelle, on sait bien peu de choses sur les constructions mégalithiques.
Les menhirs sont des pierres dressées, plantées verticalement. Leur fonction n’est pas connue : ont-ils été utilisés dans le cadre de rites ? Ont-ils servi de calendriers ou de bornes territoriales ? Impossible de répondre à cette question ! Sur le territoire du Parc, les plus beaux mégalithes sont le menhir dit « Pierre Fiche » à Artannes-sur-Thouet et le menhir de Nidevelle à Saint-Georges-des-Sept-Voies.
Les dolmens, eux, se présentent aujourd’hui sous la forme d’une grosse dalle posée sur des pierres verticales, dont la forme évoque une table. Ils ne sont plus que le squelette d’un ancien édifice funéraire. Ces constructions étaient autrefois recouvertes par un amas de pierres et de terre, nommé tumulus, et servaient vraisemblablement à abriter des sépultures collectives.
Les dolmens d’Anjou ont la particularité de présenter un vestibule devant l’entrée de la chambre funéraire. Outre l’immense dolmen de Bagneux (5 m de large sur 17,30 m de long), on peut admirer les dolmens de la Forêt, de la Madeleine et de la Pagerie à Gennes, la Bajoulière à Saint-Rémy-la-Varenne, la Vacherie à Distré, la Pierrelée à Montsoreau… Presque tous sont situés sur les coteaux, où étaient vraisemblablement installés les ancêtres qui les ont érigés.
La Touraine comporte aussi quelques mégalithes, comme les dolmens du Carroir-Bon-Air à Ligré, de la Pierre-Couverte à Thizay et de Briançon à Cravant-les-Coteaux.
Le rôle structurant des voies de communication
L’occupation du territoire par les Romains a laissé un héritage important, dont les premières véritables voies de circulation. Après la conquête de la Gaule par Jules César, en 52 avant Jésus-Christ, l’administration romaine y déploie un réseau de voies facilitant la circulation entre les principales cités de la région.
D’Est en Ouest, le Parc Loire-Anjou-Touraine est traversé par l’ancienne voie romaine reliant Tours à Angers... ou plutôt Caesarodunum à Juliomagus ! Cet axe de circulation longeait la rive nord de l’Authion, permettant le développement de petites agglomérations appelées vicus. À Andard, les fouilles menées dans les années 1980 permettent de découvrir les vestiges d’un fanum, petit temple gallo-romain de construction simple et de forme généralement carrée.
Parallèlement à l’axe Tours-Angers, un chemin d’origine néolithique desservait d’autres vicus, situés à l’emplacement des actuelles communes de Candes-Saint-Martin, Montsoreau, Saumur, Chênehutte et Gennes. L'oppidum gaulois (site fortifié, souvent établi sur une hauteur) de Chênehutte était situé à un carrefour de voies et face à un gué permettant de franchir la Loire.
Dans la vallée de la Vienne, Chinon était le carrefour de chemins qui longent la rivière ou se dirigent vers Loches (à l’Est) ou Loudun (au Sud-Ouest). À l’extrémité est du Parc, le hameau de Mougon à Crouzilles accueillait aux Ier et IIe siècles un centre de production de poteries. À ce titre, il fut le lieu d’intenses échanges commerciaux et disposait de ses propres thermes.
Des sites archéologiques majeurs
Chênehutte est l’un des plus grands sites archéologiques gallo-romains d’Anjou. Connu depuis le 18e siècle, il comprenait un camp fortifié qu’on appelle oppidum. Occupé dès le Néolithique (soit environ 4 500 ans avant Jésus-Christ) et dénommé le « Camp des Romains », il était installé sur un éperon rocheux pour surveiller les transits sur la Loire. Sur place, on trouve encore l’ancien rempart, ainsi que des ruines de maisons antiques. À l’époque mérovingienne (5e-8e siècle), l’oppidum servait d’entrepôt pour les sarcophages de falun fabriqués à Doué-la-Fontaine, qui partaient par les voies terrestres ou fluviales vers d’autres régions de la Gaule.
À partir de 1975, deux décennies de fouilles ont permis de découvrir l’existence d’un vicus (petite agglomération) gallo-romain au pied de l’oppidum ; on aperçoit encore le schéma urbain depuis le ciel. Arrêtez-vous près de l’école primaire de Chênehutte ! Vous y rencontrerez les vestiges d’un fanum, petit temple gallo-romain.
À proximité, Gennes accueille un autre site archéologique majeur. On y trouve quelques-uns des plus beaux vestiges de la région : le plus connu est le théâtre gallo-romain de Mazerolles, redécouvert au début du 19e siècle. De forme elliptique, il est adossé au coteau et pouvait accueillir environ 5 000 spectateurs. C'est l’un des plus grands théâtres antiques de l’Ouest de la France ! En souterrain, un aqueduc alimentait en eau les thermes de Gennes, à l'emplacement de l’église Saint-Vétérin, ainsi qu’un sanctuaire dédié aux divinités des eaux, le nymphée de Mardron. Un autre temple était probablement consacré à Mercure, où se dresse aujourd’hui l’église Saint-Eusèbe.
Des donjons de bois aux donjons de pierre : naissance du château en France
La plupart des châteaux et résidences princières que l’on visite aujourd’hui datent de la fin du Moyen Âge ou de la Renaissance. Toutefois, quelques vestiges de l’époque carolingienne (9e et 10e siècles) subsistent.
À La Chapelle, hameau de Doué-la-Fontaine, des fouilles archéologiques menées à la fin des années 1960 révèlent la présence d’une aula carolingienne, grande salle où le seigneur recevait ses fidèles. C’est un bâtiment rectangulaire en pierre, construit dans les années 900 pour Robert, comte de Poitou. Il succède à un premier palais, résidence d’hiver de Louis le Pieux (fils de Charlemagne) détruite lors d’un pillage viking vers l’an 845. Dans les années 930-940, les conflits entre les comtes d’Anjou, de Poitou et de Blois mènent à l’incendie de la résidence. Celle-ci est alors convertie en ouvrage défensif : l’ancienne aula est recouverte d’une motte de terre sur laquelle se dresse un donjon en bois. Ce sont les travaux d’écrêtage de la motte qui ont révélé, des siècles après sa construction, l’existence de cet édifice.
Bien qu’à l’état de ruines, le donjon de Langeais, situé dans le parc du château du même nom, reste un édifice imposant. De forme carrée, il est construit à la toute fin du Xe siècle sur ordre de Foulques Nerra. On doit à ce célèbre comte d’Anjou l’apparition des premiers donjons de pierre. Celui du château de Langeais est peut-être le plus ancien d’entre eux. Dominant la Loire, il comprenait un cellier au rez-de-chaussée et une aula à l’étage.
Construits à moins d’un siècle d’écart, les donjons de Doué-la-Fontaine et de Langeais illustrent de façon exceptionnelle l’apparition de l'architecture fortifiée en France.