Ruelles de Candes-Saint-Martin©N. Van Ingen_propriété du Parc naturel régional utilisation interdite

Les villes et villages

Parcourir les villes et villages du territoire du Parc offre un voyage dans le temps à la rencontre des anciennes villes fortifiées ou de bourgs dont le développement est lié à l’essor de la viticulture ou de la marine de Loire.

Le territoire du Parc, à cheval sur les anciennes provinces de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou, a longtemps été au cœur des influences et des rivalités. Sa position stratégique sur la Loire, ses terres fertiles et son climat tempéré en ont fait un objet de convoitise, et ce pendant des siècles. Les villes et les villages du territoire portent les traces des conflits qui les ont traversés, mais également d’une prospérité ancienne : fortifications et châteaux forts côtoient riches demeures de vignerons, aménagements portuaires…

Saumur et Chinon, toutes deux labellisées Ville d’Art et d’Histoire, ont plusieurs points communs : bâties en bord de rivière (la Loire pour l’une, la Vienne pour l’autre), elles se développent au pied d’un éperon rocheux, sur lequel est juchée une forteresse. Ce sont aussi deux capitales de vignobles, dotées d’un patrimoine architectural considérable et prestigieux.

Le territoire du Parc Loire-Anjou-Touraine compte également trois "Plus Beaux Villages de France" (Crissay-sur-Manse, Candes-Saint-Martin, Montsoreau), ainsi qu’un chapelet de "Plus beaux détours de France", de "Petites Cités de Caractère" et de "Villages de charme".

De nombreuses cités ont été (ou sont toujours) cernées d’une enceinte, conséquence des luttes de pouvoir entre les grands seigneurs locaux, puis des conflits entre rois de France et d’Angleterre, et plus tard des guerres de religion. Il ne subsiste presque rien des murailles de Chinon, Doué-la-Fontaine, Montsoreau et Azay-le-Rideau, et seulement des vestiges de celles de Crissay-sur-Manse, Le Puy-Notre-Dame et Beaufort-en-Vallée. En revanche, on peut encore admirer celles de Saumur et surtout de Montreuil-Bellay. Pendant des siècles, les villes sont restées contenues entre les murailles médiévales. Ce n’est qu’à partir du 18e siècle qu’elles s’en affranchissent pour s’étendre extra-muros.

Les villes et villages du Parc ont souvent des origines très anciennes, remontant au Haut Moyen-Âge, voire à l’époque gallo-romaine. Toutefois, deux d’entre elles ont été créées de toutes pièces à une période plus tardive. Le cardinal de Richelieu donne son nom à une ville nouvelle édifiée sur ses ordres entre 1631 et 1642. Deux siècles plus tard, le bourg de La Ménitré est construit sur le modèle similaire de « cité idéale ».

Les villes closes : Saumur, Chinon, Montreuil-Bellay…

Les fortifications de Saumur évoluent à de nombreuses reprises : les premières enceintes datent du 11e siècle, mais il n’en reste presque rien. La Guerre de Cent Ans entraîne la construction d’une enceinte plus large et mieux fortifiée, qui démarre en 1364 et se poursuit jusqu’au milieu du 15e siècle. Les remparts médiévaux sont flanqués d’au moins 19 tours, dont 10 subsistent aujourd’hui. Parmi celles-ci, les plus spectaculaires sont la tour Grainetière, la Tour Papegault et la Tour du Bourg, toutes du 15e siècle. Une grande partie des courtines de l'ancienne enceinte urbaine a également été conservée.

En revanche, il ne reste rien des murs qui entouraient Chinon. Au 12e siècle, l'enceinte protégeait la ville qui s’étendait au pied du château. Elle est agrandie pendant la Guerre de Cent Ans pour inclure les quartiers Saint-Étienne et Saint-Mexme. Malgré la disparition de ses fortifications, Chinon a gardé ses airs de ville médiévale, notamment dans la rue Haute-Saint-Maurice où les maisons à pan-de-bois côtoient les hôtels particuliers des 15e et 16e siècles.

Montreuil-Bellay, en bordure du Thouet, est la ville fortifiée la mieux conservée du territoire du Parc. Les courtines sont percées des monumentales portes Saint-Jean et Nouvelle, et protègent un patrimoine médiéval exceptionnel (anciens couvents, château…)
Beaufort-en-Vallée n’a gardé que quelques vestiges de son enceinte urbaine, mais mérite qu’on s’attarde sur sa grande place pavée, son clocher de la Renaissance et ses halles du 19e siècle.

Enfin, l’ancienne cité close de Crissay-sur-Manse, aujourd’hui classée parmi les "Plus Beaux Villages de France", regorge de petites merveilles architecturales : ruelles étroites, pignons du 16e siècle, tourelles d’escaliers, lucarnes à frontons ornés…

 

Ville de Montreuil-Bellay et son château©Nicolas Van Ingen
Ville de Montreuil-Bellay et son château©Nicolas Van Ingen

 

Les bourgs des bords de Loire

Les fleuves, et en particulier la Loire, ont longtemps été les principaux axes de communication du territoire. L'exportation de produits tels que du vin, du tuffeau, du bois, des fruits et l'importation du sel, du sucre, des ustensiles et vaisselles en grès ou en faïence... se faisaient par bateau. Au 19e siècle, des cales et des quais sont aménagés dans les cités portuaires pour faciliter l'embarquement des marchandises et des voyageurs.

À partir du milieu du 19e siècle, la Révolution Industrielle entraîne le déclin du transport fluvial au profit du chemin de fer. Le commerce fluvial a fait la fortune des négociants, qui font édifier de belles maisons dans les bourgs riverains de la Loire : Candes-Saint-Martin, Montsoreau, Parnay, Souzay, Dampierre, Chênehutte… Un détour par le Thoureil s’impose pour découvrir notamment celles des négociants en vin hollandais datant des 17e et 18e siècles. Les mariniers, quant à eux, logeaient dans des maisons plus modestes, souvent décorées d’un signe évoquant leur métier.

En face, les bourgs ont connu une autre évolution, au gré des travaux de construction et de renforcement de la levée de la Loire. Au 19e siècle, les aménagements portuaires modifient sensiblement le visage de la rive droite : en plus de faciliter les échanges commerciaux, les quais et ports offrent des vues imprenables sur le fleuve. Mais c’est surtout l’essor agricole de la région qui transforme les bourgs. À Bréhémont, Chouzé-sur-Loire, Saint-Clément-des-Levées, Les Rosiers-sur-Loire, La Ménitré ou encore Saint-Mathurin-sur-Loire, les façades des maisons et édifices publics se parent de riches décorations, signes extérieurs d’une prospérité sans précédent.

 

Bourg de Saint-Clément-des-Levées©Nicolas Van Ingen
Bourg de Saint-Clément-des-Levées©Nicolas Van Ingen

 

Les bourgs viticoles

De nombreux bourgs du territoire s’organisent autour de la viticulture et du commerce du vin, développés au Moyen-Âge par les monastères. Ces activités transforment les paysages ruraux, qui se couvrent de rangs de vignes, mais également les bourgs, avec l’apparition de belles maisons de vignerons.

Le Saumurois présente un riche patrimoine bâti, édifié entre le 16e et le 19e siècle. Au 16e siècle, ces maisons prennent des airs de manoirs, avec leur tourelle d’escalier en façade : rendez-vous au Puy-Notre-Dame pour en admirer quelques-unes. Aux 17e et 18e siècles, on construit plutôt des hôtels particuliers ou de petits châteaux entourés de leur parc, comme au hameau de Chaintre à Dampierre-sur-Loire, à Varrains, Chacé ou Saint-Cyr-en-Bourg. Au 19e siècle, les grandes maisons de « fines bulles » (vins effervescents) fondées à Saint-Hilaire-Saint-Florent font édifier châteaux et autres bâtiments ostentatoires pour asseoir leur image de marque.

Dans le Chinonais, l’habitat des vignerons prend plutôt la forme de riches fermes viticoles. Le hameau de Roguinet, à Savigny-en-Véron, rassemble quelques-unes de ces demeures.

En rive droite de la Loire, Saint-Nicolas-de-Bourgueil comprend encore de nombreuses maisons de maîtres. Plus insolite, le cimetière de Cravant-les-Coteaux contient des tombes de vignerons en forme de barrique !

Les clos sont une spécificité locale. Ces parcelles cernées de murs dans le Saumurois restait réservé pour des questions de coût aux grands propriétaires. Les murs encore visibles dans le Saumurois, entourent uniquement les grands clos. Leur construction faite de tuffeau était aisée car la ressource abondait à proximité.L’un des plus célèbres est le Clos Cristal. Son nom rappelle celui de l’inventeur d’un mode de production original, daté du début du 20e. Les pieds sont plantés côté nord le long d’un mur, tandis que les tiges et les fruits se gorgent de soleil au sud grâce à un trou ménagé dans le mur. Ce procédé qui améliore la maturité des raisins est toujours utilisé.

 

Hameau de Chaintre à Dampierre-sur-Loire©Nicolas Van Ingen
Hameau de Chaintre à Dampierre-sur-Loire©Nicolas Van Ingen

 

Les bourgs ruraux

Le territoire du Parc a toujours été au croisement de multiples influences. Sa partie ouest est également une zone de transition entre le bassin parisien aux sols calcaires, et le massif armoricain aux sols de schiste. Les bourgs qui jalonnent le territoire reflètent évidemment ces différences : dans tout le Saumurois, le Bourgueillois, le Véron et une partie du Chinonais, les constructions sont en tuffeau. Mais plus on s’approche d’Angers, et plus la pierre de taille cède le pas au schiste ardoisier.

Dans le Richelais, la « galuche », une petite pierre calcaire ramassée dans les champs, est largement utilisée dans la construction et la voirie Les toitures en ardoise de Trélazé dominent sur le territoire, mais au sud de la Vienne et de la Loire, dans les régions de Richelieu, Montreuil-Bellay, Doué-la-Fontaine, on préfère les tuiles plates ou creuses qui rappellent le Poitou voisin.

Au 19e siècle, toute la vallée de la Loire bénéficie de l’essor de l’agriculture et des progrès techniques. Avec l’arrivée du chemin de fer, les débouchés économiques se multiplient, enrichissant agriculteurs et commerçants du territoire. D’élégants bâtiments publics et de belles maisons particulières se construisent dans les bourgs. Ils offrent leurs façades richement décorées de pilastres, de lucarnes et de moulures aux regards admiratifs des passants.

Dans le sud du Chinonais et dans le Richelais, on croise plutôt d’imposantes fermes carrées à cour fermée, ouvertes sur la rue par un porche majestueux, dans lesquelles on reconnaît l’influence du Loudunais tout proche. Le logement s’y trouve en fond de cour, tandis que les communs se déploient sur les côtés.

 

Ferme à cour carrée à Chaveignes, près de Richelieu©Nicolas Van Ingen
Ferme à cour carrée à Chaveignes, près de Richelieu©Nicolas Van Ingen

 

Les villes neuves : Richelieu, La Ménitré

En 1624, le cardinal de Richelieu vient d’être nommé principal ministre d'État de Louis XIII. Propriétaire d’un modeste domaine familial en Poitou, il souhaite transformer la demeure de ses ancêtres, qui ne convient plus à son rang. Avec l’accord du roi, il lance deux chantiers en 1631 : l’édification d’un château colossal, reflet de sa puissance, et la construction d'une ville au nord du domaine pour y loger sa cour. Hormis le parc, il ne reste rien du gigantesque château de Richelieu rasé au 19e siècle. En revanche, la « cité idéale » imaginée par le cardinal est intacte.

La ville neuve de Richelieu est bâtie en 10 ans. C’est une démonstration exemplaire de l’urbanisme classique du 17e siècle. Les plans sont dessinés par l’architecte Jacques Lemercier, à qui l’on doit également le Louvre et la Sorbonne. La cité est entourée d’une enceinte, percée de quatre portes. Elle s’organise autour d’un axe principal, bordé par 28 hôtels particuliers identiques. Ces logements sont vendus à des nobles proches de Richelieu, afin de constituer une cour proche du château. Les rues secondaires desservent des logements plus ordinaires, dont les toitures sont coiffées de tuiles. L’église et les halles encadrent la place principale.

Deux siècles plus tard, le bourg neuf de La Ménitré reprend les mêmes principes : une place principale desservie par un axe central, avec un développement symétrique le long de celui-ci. La commune est créée en 1824, et le chantier dirigé par l'architecte angevin François-Villers.

Vivy et Saint-Nicolas-de-Bourgueil sont également des bourgs construits au 19e siècle, même si leur architecture est moins spectaculaire.

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