La France compte deux capitales de la vannerie, dont Villaines-les-Rochers (Indre-et-Loire), centre de production le plus important de l’Hexagone. Une trentaine d’osiériculteurs-vanniers indépendants ou regroupés en coopérative y vivent de leur art. La proximité de l’Indre, le climat doux de la région et la présence de caves troglodytiques humides facilitent la culture et le travail de l’osier dans ce village de Touraine.
En France, les plus anciens objets tressés découverts datent d’il y a 4 000 ans. Cet art ancestral consiste à tresser des fibres végétales (osier, rotin, bambou, paille, jonc…) pour fabriquer des objets. Par extension, le terme désigne également les objets d’artisanat en question : corbeilles, paniers, cabas, chapeaux, etc.
La vannerie ne doit pas être confondue avec l’osiériculture, c’est-à-dire la culture de l’osier. Les deux activités sont très liées puisque l’osier est le matériau privilégié en France. D’ailleurs, beaucoup de vanniers sont également osiériculteurs.
Au début du XXe siècle, un français sur 1 000 est vannier professionnel. C’est un métier commun et un art populaire. Mais dans les années 1950, l’industrialisation, l’importation de produits étrangers bon marché et l’arrivée de matériaux synthétiques moins onéreux entraînent le déclin de cette activité. Elle ne se maintient qu’à Villaines, où les artisans ont fait preuve d’un esprit collaboratif dès le milieu du XIXe siècle.
D’autres communes de Touraine ont été des hauts lieux de la vannerie, notamment Chouzé-sur-Loire. On y a longtemps produit des paniers destinés à emballer les bouteilles de vin mousseux de Saumur ou de cognac, à transporter des huîtres, des choux…
Aujourd’hui, l’art de la vannerie se renouvelle en explorant de nouveaux domaines tels que la décoration, la mode ou le design. L’osier est même devenu l’un des matériaux phare des styles bohème ou vintage, très en vogue ces dernières années.
Sur le territoire du Parc Loire-Anjou-Touraine, sept entreprises de vannerie sont labellisées « Valeurs Parc naturel régional ». Cette distinction leur est attribuée pour leur engagement en faveur de la protection de l’environnement, une économie locale plus solidaire et le bien-être des femmes et des hommes qui travaillent pour eux.
Le village de Villaines-les-Rochers
Si vous souhaitez en savoir plus sur la culture et le tressage de l’osier, Villaines-les-Rochers est la destination tout indiquée. Situé à mi-chemin entre Tours et Chinon, et à quelques kilomètres d’Azay-le-Rideau, ce petit village est la capitale de la vannerie française.
Dès 1849, les vanniers de Villaines-les-Rochers se rassemblent au sein d’une coopérative et créent une caisse de secours mutuel. Ces initiatives ont entraîné la professionnalisation du domaine et permis le maintien de l’activité, alors que dans le reste de la France, la vannerie commence à décliner après la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs crises frappent durement le secteur, dont le remplacement de l’osier par le plastique à la fin des années 1960. Les débouchés se font rares et doivent être renouvelés. Heureusement, les boulangeries des grandes surfaces ont besoin de huches et de paniers à pain : ils sont commandés à la coopérative de Villaines-les-Rochers, seule à même de pouvoir répondre à une telle demande.
Aujourd’hui, le village fournit environ un tiers de la production française. Ils fabriquent principalement des articles destinés aux commerces agroalimentaires et se tournent vers le mobilier et la décoration intérieure, l’aménagement de jardins…
Que vous soyez amateur d’objets artisanaux ou simple curieux, n’hésitez pas à pousser la porte du magasin d’exposition de la coopérative. On y trouve un musée de l’osier ainsi qu’une partie boutique, où chaque produit est fabriqué à la main dans la plus pure tradition.
Petite histoire de la vannerie
Il ne faut pas se fier à la finesse ni à la souplesse des brins d’osier : le tressage permet d’obtenir des objets robustes, qui supportent de lourdes charges (hottes, fauteuils, malles, corbeilles, paniers…).
La vannerie serait apparue au Néolithique, pour permettre le transport de denrées. Pendant des siècles, la majorité des vanniers étaient également des paysans : la professionnalisation de ce métier date du milieu du XIXe siècle.
Autrefois, le vannier était spécialisé sur un seul type d’objet, qu’il fabriquait toute sa vie. Cette répétition des mêmes gestes permettait à l’artisan de s’améliorer, et donc de produire plus vite pour gagner davantage d’argent. Le métier comme l’oseraie (le terrain où pousse l’osier) se transmettaient généralement de père en fils.
Pour former des artisans polyvalents, une école est créée à Fayl-Billot au début du XXe siècle.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’objet en osier est destiné au monde rural. Il sert principalement à l’emballage et au transport des marchandises (vins, légumes, huîtres…). Les objets du quotidien (corbeilles diverses) sont plutôt réalisés en vannerie fine et tressés par des femmes. La Révolution Industrielle fait apparaître de nouveaux besoins, comme les paniers de manutention. Mais le progrès technique entraîne surtout le déclin de la vannerie : les emballages en osier sont remplacés par le carton, puis le plastique. À cela s’ajoute la concurrence venue de l’étranger.
Aujourd’hui, un vannier qui souhaite vivre de son art doit être polyvalent et savoir innover pour suivre les évolutions de la mode. Les objets en osier reviennent au goût du jour, dans la veine de l’engouement pour l’artisanat, le « naturel » et le « fait main ».
L’osiériculture
La vannerie n’emploie pas que de l’osier : elle peut également recourir à la paille de céréales, à la clématite sauvage, au chèvrefeuille, au noisetier, au châtaignier… Toutefois, l’osier reste le matériau le plus courant en France, et celui dont se servent les vanniers de Villaines-les-Rochers.
Issu du saule, il se développe près des rivières et dans les espaces marécageux. Les boutures sont exploitées pendant 15 à 20 ans, avant d’être remplacées. D’avril à septembre, les nouveaux brins d’osier se développent. Pendant ce temps, l’osiériculteur entretient les cultures (sarclage, arrachage des mauvaises herbes…).
Les premières gelées sont le signal de la récolte : l’osier est coupé, trié, puis les brins sont classés par taille. Une fois remis en bottes, on les place dans des bassins, le pied dans l’eau, jusqu’au mois de mai. Avec l’arrivée du printemps, ces brins reprennent leur pousse, et leurs bourgeons s’ouvrent. La montée de la sève facilite le décorticage de l’écorce qui révèle le brin « blanc ». Cette étape du décorticage est appelée la « pèlerie ». C’est un travail fatigant et considérable, autrefois fait à la main, et aujourd’hui réalisé par des machines mécaniques ou hydrauliques. Les résidus, appelés « grabottes », servent au paillage des jeunes plants, qui permet de maintenir une humidité suffisante du sol.
Les pousses qui ne sont pas décortiquées donnent un osier brut qui forme des objets au charme rustique.
L’osier est ensuite séché quelques heures au soleil, puis stocké dans des greniers, à l’abri de la lumière, jusqu’à utilisation. Avant de tresser, le vannier place ses brins dans l’eau pour que le matériau soit souple et facile à manier.