Jour 1 : gourmandises et bons vins saumurois
Saumur, Ville d’Art et d’Histoire
Notre arrivée étant peu matinale, nous allons directement voir de plus près le monument phare de Saumur, son château ! Juché sur le coteau, il est accessible en 5 min à pied depuis le centre-ville, aux rues commerçantes très animées. En montant, nous admirons la belle maison des Compagnons, du 15e siècle.
Le château de Saumur est aussi un musée municipal qui abrite une des plus belles collections de faïence de France, des tapisseries classées et des collections du musée du cheval. Nous profitons du beau panorama sur la Loire et sur l’église Saint-Nicolas, entre style roman et gothique angevin.
Rillauds et vins d’Anjou
Nous jetons ensuite notre dévolu sur la terrasse de L’Orangeraie pour sa vue imprenable sur le château. Nous y dégustons une petite salade de rillauds maison, une spécialité angevine à base de poitrine de porc, avec un verre de… saumur, évidemment !
En redescendant dans la rue Saint-Nicolas via la place Saint-Pierre, nous décidons d’en faire provision chez Girardeau, un charcutier avant tout renommé pour ses irrésistibles pieds de cochons, parfaitement mitonnés et entièrement désossés.
À Saint-Hilaire-Saint-Florent dans les caves de pétillants
Après une étape chez Combier, la plus ancienne distillerie artisanale du Val de Loire encore en activité, nous quittons Saumur direction Saint-Hilaire-Saint-Florent, à 10 min en voiture.
Sur la rive gauche du Thouet, Saint-Hilaire-Saint-Florent est célèbre pour ses sites de choix. Les maisons de bulles s'y sont installées au 19e siècle, le long d’un coteau percé de nombreuses caves comme Le Cadre noir, une institution équestre.
Nous sommes en retard à l’école… du vin ! Une école pas comme les autres où des barriques côtoient le bureau du maître. Nous avons réservé avec des amis la visite des "coulisses du vin" chez Langlois Château.
Les étapes de la vinification dans un vrai chai
Et l’expérience vraiment réjouissante commence par un exposé atypique sur l’œnologie dans une vraie salle de classe. Les cancres sont vite repérés et les questions fusent !
Si notre "instituteur" s’avère pour le moins blagueur, il n’en reste pas moins que nous sortons de la classe moins bêtes sur la fabrication du vin ! Saviez-vous par exemple que l’on peut faire du vin blanc avec du raisin rouge ?
Nous grimpons ensuite à flanc de coteau, où les chais et le vendangeoir offrent une vue magnifique sur le château de Saumur et le fleuve royal, au loin.
Dans la cuverie moderne, nous découvrons les différentes étapes de la fabrication du vin rouge, avec le débourbage, la fermentation, les sous-tirages, le collage, puis la mise en bouteilles.
Les secrets du pétillant
La cloche sonne : la récré est terminée ! Nous filons sous terre dans d’anciennes carrières d’extraction du tuffeau, transformées en un dédale de caves.
Ces 300 m de parcours souterrains rafraîchissants nous dévoilent la méthode traditionnelle à la base des crémants et autres vins pétillants, de la seconde fermentation jusqu’au dégorgement en passant par le remuage. Les stocks de bouteilles sont impressionnants !
La visite se termine par la chaîne d’embouteillage.
Vient l’heure de la dégustation et nous rapportons quelques bouteilles ! Puisqu’il est question de vins de Loire, nous partons naviguer sur le fleuve pour contempler Saumur sous un autre angle.
Une croisière sur la Loire
Nous embarquons sur le Saumur Loire pour une heure, jumelles au cou (elles sont prêtées sur le bateau).
Après le château, nous admirons l’imposante chapelle Notre-Dame-des-Ardilliers, qui devint l'un des plus importants lieux de pèlerinage en France aux 16e et 17e siècles. Une statuette en pierre représentant une pietà y fut découverte, non loin d'une source réputée guérisseuse.
Le dôme en impose, avec ses 18 m de hauteur ! Avant la construction des Invalides, cette rotonde était la plus haute de l’époque.
Nous passons sous le pont de chemin de fer, croisons La Nonchalante, réplique d’un chaland de Loire du 18e siècle, puis un groupe de joyeux kayakistes, avec en toile de fond l’étonnante façade Art déco des caves Gratien et Meyer, sous lequel serpentent 5 km de galeries.
Hirondelles de mer et de rivage
La Loire prend alors de l’ampleur : le bras sur lequel nous naviguons fait 1 km de largeur. Mais le sonar du pilote, Élodie, indique une profondeur d’1 m seulement !
Sur les bancs de sable, nous observons des petits gravelots, des vanneaux huppés et des aigrettes garzettes. Des sternes pierregarins pêchent çà et là dans le fleuve, tête la première, en lançant des cris stridents. Ces migrateurs au long cours méritent bien leur surnom d’hirondelles de mer.
Le bateau ralentit devant la colonie d’hirondelles de rivage, reconnaissables à leur bande pectorale brune. Ces petites hirondelles creusent leur nid dans les falaises de sable de la rive.
Pause saumur brut et biscuits au cabernet-d’anjou
Sur le chemin du retour, une collation nous attend. Nous savourons des biscuits Vinaillou, à base de cabernet-d’anjou, dont le croquant s’accorde à merveille avec les bulles de saumur brut de chez Bouvet-Ladubay. Les enfants, eux, ont droit à du sirop de chez Combier !
Après avoir dépassé le toit-terrasse du Dôme – le théâtre de Saumur – et le pont, le bateau arrive au niveau du musée de la Cavalerie, situé dans les anciens bâtiments du Cadre noir. Une échelle de crue nous rappelle que la Loire atteignit 7 m de hauteur lors de son plus haut niveau, en 1856.
C’est l’heure de l’accostage ! Nous filons fissa dans la boutique des Docks de la Loire, à deux pas de l’embarcadère, pour faire le plein de Vinaillou et nous craquons pour des paires de chaussettes rayées "fabricotées" à Doué-la-Fontaine !
De retour sur les quais, nous prenons un apéritif sur la Loire et grignotons avant de nous rendre au Cadre noir pour une soirée de gala.
Le Cadre noir : un haut-lieu de l’art équestre
Depuis presque deux siècles, cette institution héritière d’un passé militaire prestigieux incarne l’excellence de l’équitation à la française. Avis aux amoureux des chevaux, il est également possible d’en visiter les coulisses (écuries, sellerie, grand manège). La maîtrise des montures nous laisse pantois ! Pas de doute, nous avons bien affaire à l’élite des cavaliers français.
Nous passons la nuit à Saumur dans un hôtel de l’île d’Offard en bord de Loire, face au château. Magique !
Jour 2 : au fil du coteau jusqu'à Fontevraud
Au lever du jour, nous contemplons depuis notre lit une vue féerique sur la rive gauche de Saumur, baignée d’une lumière singulière.
Parcours troglodytique sur la côte saumuroise
C’est justement cette rive que nous allons explorer en amont. Nous longeons la levée de la Loire et faisons d’abord étape à Souzay pour son singulier parcours troglodytique, indiqué par de petits panneaux.
Nous sommes fascinés par l’ancêtre du "centre commercial", qui date du 11e siècle ! Une fois exploitée, cette carrière de pierre fut en effet convertie en commerces par les habitants.
Des panneaux nous éclairent, si j’ose dire, sur la complexité de cette géographie souterraine : le fontis correspond à un effondrement de la voûte dans la cavité, ce qui explique que l’on voit le ciel ! Le parcours troglodytique de Souzay est tel qu’il peut aussi s’explorer à bicyclette, puisque nous sommes sur l’itinéraire de la Loire à vélo. Un ambitieux projet "Loire à vélo troglo" est d’ailleurs en cours. Nous avons hâte de pouvoir en profiter ! Une halte est d’ores et déjà prête pour les cyclotouristes, avec table de pique-nique, toilettes…
Nous poursuivons dans les ruelles pittoresques du village, à l’habitat en tuffeau caractéristique. De retour sur la levée de la Loire, nous dominons l’île de Souzay, parfois accessible à gué.
Turquant, cité troglo de caractère
Labellisé "Village de charme » et "Petite cité de caractère", Turquant est aussi une étape majeure pour les amateurs de sites troglodytiques. Nous l’explorons en parcourant le sentier d’interprétation "Turquant, un tendre cœur de pierre".
Nous arrivons un peu trop tôt pour profiter de la boutique des Métiers d'Art. Ce qui ne nous empêche pas de loucher sur les pommes tapées, dont le musée-boutique se trouve ici. Nous grimpons sur le coteau jusqu’au panorama, d’où l’on aperçoit la Loire. Nous entendons chanter le loriot : sa mélodie est bien plus flûtée que les cris stridents des martinets et des choucas, omniprésents sur cette falaise de craie blanche.
Slow troglo à flanc de coteau
Nous finissons notre matinée à la Grande Vignolle, qui appartient au domaine Filliatreau, dont la production est aujourd’hui bio. Nous sommes séduits par le site spectaculaire, une longue façade de 150 m nichée sous les vignes, à flanc de coteau. Sans savoir que ce qui nous y attend est encore plus surprenant !
Fille de cette famille de vignerons passionnés, Christina nous reçoit à l’accueil. C’est elle qui a eu l’idée d’innover en 2020 avec une boutique pour déguster sous la roche et une visite ludique et sensorielle "Sens dessus dessous". Elle tient à ménager notre surprise, mais nous nous laissons tenter par cette expérience visiblement atypique… dans une grotte troglodytique !
Une scénographie innovante
La magie est au rendez-vous dans ce spectacle visuel ébouriffant et décalé qui ravit petits et grands ! Claustrophobes, soyez tranquilles, la visite et la présentation ne durent qu’une demi-heure. Nous découvrons avec drôlerie l’histoire de la Grande Vignolle, du 12e siècle à nos jours.
Autant de clés pour mieux profiter ensuite de la visite gratuite du logis seigneurial, aménagé dans le coteau à la fin du 15e siècle. Nous explorons cette merveille architecturale en toute autonomie. De gros travaux de restauration l’ont rendue accessible au public.
Un insolite logis seigneurial creusé dans la roche
Ce logis a été conçu tout en longueur, avec des pièces en enfilade pour recevoir un maximum de lumière, laquelle est guidée dans les pièces, voire démultipliée par des jeux de miroirs.
Nous pénétrons dans l’imposant pigeonnier du 16e siècle, restauré en 1990 et recouvert de 500 ardoises coffines (courbées). Le nombre de trous, les boulins, révélait la richesse de son propriétaire, d’où l’expression « se faire pigeonner » !
Dégustation de saumur et pique-nique dans les vignes
Avant le déjeuner, nous nous laissons tenter par la dégustation des vins : entre saumur, saumur-champigny, saumur blanc, rosé, et les différentes cuvées, le choix est cornélien !
Arrive l’heure du pique-nique, que nous achetons sur place. Cette prestation est proposée aux visiteurs en juillet et en août avec des produits locaux et un verre de vin du domaine. Nous nous installons à l’ombre d’un noyer avec vue sur les vignes où se dessine le logo des Monuments Historiques.
Bien installés sur nos nattes, nous nous régalons de mets présentés dans des bocaux : zéro déchet et c’est un délice !
Fontevraud-l’Abbaye, vaste cité monastique
Nous passons l’après-midi à l’abbaye royale de Fontevraud non loin, la plus vaste cité monastique héritée du Moyen Âge, fondée en 1101.
Nous sommes saisis par la beauté épurée de l’église, qui croise les styles angevins et poitevins. Elle abrite les délicats gisants en pierre de tuffeau polychrome de Richard Cœur de Lion et d’Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, qui y passa ses dernières années.
Reconstruit à la Renaissance, le magnifique cloître a gardé ses dimensions médiévales exceptionnelles qui en font l’un des plus grands d’Europe. Nous y observons avec amusement des nids d’hirondelles de fenêtre occupés !
Nous admirons dans la Salle du Trésor une collection d’objets de l’abbaye datant du 12e au 20e siècle.
Art et histoire à l'abbaye
Des œuvres d’art contemporain et des dispositifs numériques étonnants ponctuent notre visite. Une vague de lumière rouge et des tintements cristallins nous invitent à la rêverie dans le Grand Dortoir, où les barques de l’artiste Claude Lévêque semblent à la dérive.
L’abbaye ayant été transformée en prison entre 1814 et 1963, une exposition permanente nous plonge dans l’univers pénitentiaire à travers des images d’archives, des maquettes, des objets d’époque et des témoignages…
Malheureusement en travaux, les cuisines romanes emblématiques de l’abbaye ne peuvent pas être visitées lors de notre passage. Mais nous pouvons tout de même voir leur énigmatique toiture hérissée de cheminées en "écailles de poisson", avant de terminer la visite dans les jardins bio, pédagogiques, classés Refuge Ligue Pour la protection des Oiseaux (LPO). Le potager alimente notamment le restaurant étoilé de Fontevraud : un vrai circuit court !
Les deux vies de Fontevraud-L’abbaye
Nous terminons notre découverte dans le village avec le circuit patrimoine "Les deux vies de Fontevraud-l’Abbaye" téléchargeable gratuitement sur le site du Parc ou disponible à l'abbaye (1€).
C'est le personnage François-Yves Besnard, tour à tour docteur en théologie, curé, maire, préfet et percepteur qui nous propulse au début du 19e siècle à travers sept stations. Au fil de la balade, nous imaginons comment la Révolution Française a bouleversé la vie de ce village dont l’activité était principalement liée à la vie de l’abbaye...
Cela nous permet de déambuler dans de jolies ruelles et de découvrir des curiosités comme les pigeonniers.
Savonnerie artisanale et familiale
Nous quittons le centre pour faire quelques emplettes à la savonnerie artisanale Martin de Candre, qui pratique la saponification à l’ancienne face à la magnifique grange à dîme du domaine de Mestré (12e).
Après les bulles du Saumurois, ce week-end riche en découvertes s’achève ainsi avec un festival de senteurs qui promet de belles bulles de savon pour prolonger la rêverie !