Jour 1 : Doué-la-Fontaine, de l'ombre à la lumière
Un dédale de caves souterraines
Doué-la-Fontaine est une ville atypique qui mérite le détour. C’est pourquoi nous commençons ce matin par le circuit patrimoine. Nous suivons le parcours du livret téléchargeable sur le site du Parc naturel régional ou disponible en version papier pour 1 € au Mystère des faluns, sur le site des Perrières, où nous stationnons.
1h30 suffit pour parcourir les 4 km et découvrir à chaque station des explications sur le patrimoine de la "Cité des roses".
Une vie sur et sous le sol
D’emblée, nous sommes fascinés par la rue des Perrières. Nous nous questionnons sur la nature des cheminées qui hérissent le sol, à l’origine de l’expression « les champs fumants ». Elles proviennent des logements qui ont été aménagés dans d’anciennes carrières. Au 19e siècle, tous les habitants du quartier vivaient dans ces cavités troglodytiques de plaine, beaucoup moins chères qu’un logement en surface et mieux isolées.
Il n’y a plus qu’une famille "troglo" désormais : Marianne Roux, qui engage la conversation avec nous à distance (on l’aperçoit sur la photo à droite de sa maison !), et son mari, Bernard, sorte de Facteur Cheval local. Le couple vit depuis 1948 dans un incroyable décor né de l’imagination de Bernard. N’hésitez pas à vous aventurer dans l’entrée qui domine leur cour. Spectacle garanti !
L’illustre "Cité des roses"
Au n° 44 de la rue des Arènes, notez au passage cette maison de rosiériste typique du 19e siècle, construite avec des pierres de falun extraites du dessous.
Chaque année, mi- juillet, les Journées de la Rose se déroulent dans la même rue, sur le site des Arènes, un amphithéâtre du 16e siècle dont les gradins ont été creusés dans le falun. Plus de 500 variétés et 100 000 boutons de roses sont exposés à cette occasion dans les nombreuses galeries d’extraction.
Dans la ruelle qui relie la rue du Donjon à la rue de Cunault, la présence d’habitats troglodytiques rappelle qu’il y avait plus de caves demeurantes à Doué au début du 19e que d’habitations construites !
Faites un détour par la rue du Moulin-Cartier pour remarquer les spécificités de ce moulin à vent, le dernier construit en Anjou. Il combine à la fois des éléments architecturaux du moulin cavier, mais ne fonctionne plus depuis 1936.
De retour au parking du Mystère des faluns, nous faisons une halte pique-nique à l’ombre des houblons, où nous goûtons les rillauds locaux et un taboulé au quinoa d’Anjou.
Le Mystère des faluns, une odyssée extraordinaire
Nous pénétrons dans l’univers féerique du Mystère des faluns. Classé site "Site environnemental remarquable", le site des Perrières est constitué de galeries souterraines hautes de 15 à 20 m. Ces impressionnantes cavités sont nées du travail des carriers qui ont extrait la pierre issue du falun déposé par la mer il y a 10 millions d’années.
Exploitées aux 18e et 19e siècles, elles ont ensuite été utilisées comme champignonnières, puis réhabilitées en site touristique dans les années 1980. Une scénographie récente nous transporte dans un univers de sons et lumières pour comprendre la création de cette roche. L’approche sensorielle est très complémentaire du musée troglodytique de Louresse-Rochemenier que nous avons prévu de visiter demain. Comptez environ 1h, à votre rythme, en suivant le plan de visite remis au départ, et prévoyez une petite laine puisqu’il n’y fait que 12°C !
Une plongée sous terre tout en poésie
Pour commencer, un court film nous projette onze millions d’années en arrière, quand la mer des Faluns recouvrait la région…
On plonge ensuite à la découverte des caves, qui se présentent en une spectaculaire enfilade. Baignés dans une ambiance sonore envoûtante, on se laisse surprendre par des œuvres marines qui jalonnent les différentes étapes : algues, bancs de poissons, bal des méduses…
Nous déambulons dans la savane du Miocène où s’orchestre un savant jeu d’ombres et de lumière. Nous sommes suspendus entre terre et mer, emportés dans un songe, happés par la mémoire du falun. Vision fugace d’un requin, traversée des vestiges d’une baleine, et nous voilà propulsés de nouveau à l’époque des carriers. L’hiver, ces paysans ouvraient de fines tranchées dans leurs champs pour en extraire la pierre et améliorer l’ordinaire.
Nous ressortons des entrailles de la Terre émerveillés par les prouesses de ces paysans tailleurs de pierre !
Avis aux tribus et aux amateurs de cousinades, il est possible de loger dans l’hébergement troglodytique des Perrières qui dépend du Mystère des faluns, une structure équipée de 58 lits. De quoi poursuivre l’immersion jusqu’au bout de la nuit !
Jour 2 : Zoo, troglo et vignoble
Aujourd’hui, le thermomètre va flirter avec les 30 °C ! Et ça risque de tourner à l’orage. J’ai donc concocté un programme parfaitement adapté à la situation : cap vers le Bioparc de Doué, le seul zoo troglo du monde ! L’ombre et la fraîcheur y sont assurés.
Le Bioparc de Doué, un zoo pas comme les autres
Nous prévoyons la matinée pour explorer ce labyrinthe minéral et végétal, même s’il n’y a que 3,5 km à parcourir à pied dans cette ancienne carrière de falun. Il y a largement matière à y passer la journée.
Distribué à l’entrée, le "P’tit Journal" embarque les enfants en mission à travers le Bioparc, cadeau à la clé. Mieux vaut commencer par le haut quand il fait chaud, pour finir par le bas, plus ombragé, quand vient l’heure de déjeuner.
D’emblée, les arrêts s’annoncent nombreux avec quelques 1 200 animaux à découvrir. À peine arrivés, nous tombons en arrêt sur un tantale posé sur son nid, quand surgit un cercopithèque à tête de hibou qui fait le bonheur des enfants en déambulant dans les allées !
Les animaux évoluent dans de vastes espaces où l’eau est très présente. La fraîcheur et le dépaysement sont au rendez-vous. Le couple de pandas roux se montre discret. Nous nous amusons à les débusquer dans la végétation luxuriante.
Derrière la vitre protectrice, impossible, en revanche, de rater les léopards de Java, imposants félins au regard hypnotique.
À tire d’aile dans la plus grande volière d’Europe
Place aux volatiles dans la grande volière sud-américaine ! C’est la plus grande d’Europe (1 ha), ce qui permet aux oiseaux de voler réellement. L’absence de traitements phytosanitaires a permis au Bioparc de devenir en 2019 le premier zoo classé "Refuge Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)" et c’est le seul à pouvoir se vanter de la certification ISO 14001 pour son management environnemental.
Outre des flamants du Chili, des spatules roses…, on peut y croiser sept espèces de perroquets, parmi lesquels le magnifique ara hyacinthe, d’un bleu éclatant, et l’ara à ailes vertes. À certaines heures (indiquées à l’entrée), il est possible d’assister à leur nourrissage. Cacophonie garantie ! L’ambiance sonore est étonnante.
Gros coup de cœur pour la petite colonie de manchots de Humboldt, qui évoluent aux côtés des pélicans thages dans un bassin de 30 m.
Depuis la passerelle, on a vue sur l’espace des tatous à six bandes, qui ne veulent pas se montrer. Le bébé pudu du Chili reste lui aussi à l’abri.
Un peu plus loin, une tortue des Seychelles de 80 ans balade ses 150 kg sans empressement !
Depuis le belvédère, on domine un espace de 4 000 m2 où volent des rolliers à ventre bleu, des ombrettes avec une drôle de tête et d’imposants hérons goliath…
Du cratère des carnivores au camp des girafes
Arrive la rencontre tant attendue avec les lémuriens (les varis) et les gibbons. Alors que le tigre de Sumatra se montre discret, l’hippopotame pygmée fait sa sieste… dans la boue ! Comment résister à la frimousse des mangoustes naines, aux prouesses aquatiques des loutres géantes et aux bébés des sousliks, arrivés l’an passé ?
Puis nous voici dans un vaste espace tout récent, "Le Cratère des carnivores". Une grande hutte centrale nous offre une vue à 360° sur les lions, les panthères des neiges et les guépards. Une piste pour les humains vous permettra de comparer votre course avec celle des animaux du parc !
Un parc rocailleux accueille aussi d’adorables suricates et d’étranges otocyons. Ce zoo est le seul à posséder des oryctéropes, sorte de cochon à long museau et longues oreilles, mais ces bizarreries nocturnes restent obstinément cachées dans leur terrier ! Difficile de passer à côté des girafes, que l’on surplombe depuis le restaurant, où l’on peut déjeuner.
Louresse-Rochemenier, halte gourmande dans un village troglodytique
C’est justement l’heure du repas. Nous poursuivons notre immersion en faisant une halte dans le village de Louresse-Rochemenier et ses coquettes maisons troglodytiques, à 8 km au Nord, soit 10 min en voiture.
Nous nous installons aux Délices de la roche, à deux pas du musée troglodytique. Le prix du menu du jour est très abordable et les plats font la part belle aux produits du Val de Loire. C’est l’occasion de se laisser tenter par une terrine de foie gras au coteau-du-layon de la maison Corabœuf suivi d’un pavé de sandre au beurre blanc, avec un verre de saumur blanc. En dessert, je me régale d’une tartelette aux abricots façon Tatin.
La vallée du Layon, haut lieu d’excellents vins liquoreux
Avant d’être le nom d’un vin, le Layon est celui d’une rivière qui se jette dans la Loire. Nous profitons d’une fin d’après-midi plus tempérée pour nous aérer dans cette belle vallée, à 20 min en voiture.
Son vignoble de 1 500 ha bénéficie d’une exposition propice au développement d’un champignon, le Botrytis Cinerea, une "pourriture noble" sur les raisins qui donne ces excellents blancs liquoreux. Les coteaux viticoles et leurs petits villages de vignerons, ponctués de châteaux et de moulins, offrent de belles balades et des randonnées à cheval, à vélo ou en VTT.
Après les troglos, voilà de quoi prendre un peu de hauteur ! Nous bénéficions de beaux panoramas comme celui du moulin de la Montagne, à Thouarcé. Nous sommes comblés d’avoir exploré, durant ces deux jours, Doué et sa région en surface comme en profondeur.